by Jade Caillot
L’été raconte les moissons, la douceur de vivre sur des terrasses nimbées de soleil, les plages dorées ou les villes écrasées de chaleur. Mais, dans la mémoire universelle, un autre récit persiste, lourd et éclatant : les débarquements de la victoire de France.
Si l’on vous dit « débarquement », immédiatement, le nom de la verdoyante Normandie vous vient en tête. Mais il y eut d’autres débarquements, aux destins plus ou moins heureux. En ce mois qui célèbre les 80 ans de l’événement qui changea le cours de notre histoire contemporaine, Loc’Hall vous invite à une promenade mémorielle, légère et grave.
Visitons des lieux patrimoniaux et culturels marqués par une double histoire : la leur et celles des milliers de combattants de cette guerre qui, non, décidément, ne fut pas drôle. Le temps d’un instant, souvenons-nous. De ces hommes, de ces femmes aussi, de toutes origines : trop souvent au prix de leurs vies, ils ont rendu aux sites d’exception que nous aimons tant leur liberté. Dans ces lieux, le supplément d’âme se teinte du parfum des genêts, de reflets bleus et verts, et de l’ombre tutélaire de la plus belle avenue du monde. Balade dans des lieux Loc’Hall, sur la route de nos victoires.
6 juin 1944, Opération Overlord : l’âpre affrontement pour la liberté commence dans le piège des eaux sans merci d’une aube glacée. Date symbolique, le jour le plus long n’est pourtant qu’une étape, certes cruciale, dans l’interminable parcours vers la victoire finale. À l’issue du D-day, des milliers de morts jonchent les plages du débarquement. Au total, quelque 73 000 soldats alliés perdront la vie dans la grande bataille de Normandie. Un lourd tribut, qui leur ouvre les portes de l’éternité.
80 ans plus tard, dans les cimetières de croix blanches qui font des terres normandes un petit coin d’Amérique, le promeneur balance entre douleur et gratitude dans la mémoire d’un débarquement pour l’histoire. Une visite incontournable dans le circuit de lieux exceptionnels et à jamais indissociables de cette période française, entre bravoure et infamie : combien de résistants héroïques dans ces temps troubles ? Qui se souvient qu’avec quelques valeureux compagnons, un certain Charles Gilles, comptable du sublime Palais Bénédictine, défendra la ville de Fécamp avec vaillance, tenant la Wehrmacht en échec des heures durant.
Le Mont-Saint-Michel vivra, lui aussi, sa drôle de guerre : ville de paix envahie par le souffle d’un absurde conflit, lieux de culte devenu villégiature des troupes occupantes, puis ultime refuge de soldats allemands en déroute. Le mont sera libéré en juillet 1944, sans que les armes aient parlé, et sans haine.
Il fait trop beau dans ce Sud tant aimé du peintre Cézanne : le paysage ne sied guère à la guerre ! Est-ce pour cela que le débarquement de Provence du 15 août 1944 n’a pas autant marqué les esprits que celui de la Normandie de Manet et ses jardins chéris des impressionnistes ?
Pourtant, c’est bien en Provence que l’hétéroclite armée B crée sa légende. Composée de bataillons africains et coloniaux et de Français libres, elle contribue de manière éclatante à la réussite de l’Opération Dragoon, rapprochant encore les troupes alliées de la victoire définitive. Et si, de nos jours, des hordes germaniques amicales débarquent paisiblement chaque année dans les hauts lieux cannois, ou découvrent la culture méditerranéenne à la Citadelle de Marseille, sublime musée en front de mer, c’est bien à cette armée de circonstance, bientôt première armée française, qu’on le doit.
Le 25 août 1944, le Général de Gaulle, debout sur le parvis de l’hôtel de ville d’une capitale rendue à la lumière, lançait, dans des accents qui résonnent encore dans les mémoires : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. »
La longue marche qui suit sur les Champs-Élysées signe, non pas la fin de la guerre — celle-ci se terminera officiellement le 2 septembre 1945 —, mais le retour de l’espoir. Paris retrouve le goût du bonheur, et pour quelques heures, on oublie de régler des comptes qui engendreront à leur tour bien des souffrances. Le temps est à la joie, aux jeunes et si beaux Gi’s que l’on embrasse à bouche que veux-tu pendant qu’ils distribuent chewing-gum et barres chocolatées à des enfants qui avaient oublié l’enfance.
Dans les rues pavoisées de cocardes tricolores, on rit, on chante, on danse. Dans ce Paris que les loups ont déserté, les monuments retrouvent leurs couleurs et leur fonction de sublimes ornements pour la plus belle ville du monde. Bientôt, on renouera avec les petits-déjeuners tout en haut de l’Arc de Triomphe. Demain, on flânera à nouveau sur l’avenue des Champs-Élysées, s’arrêtant pour déguster un macaron chez Ladurée, et si la guerre s’y rejoue, c’est au Studio de l’Étoile, devenu Club de l’Étoile.
La vie, toujours, reprend ses droits : en ce mois de juin incertain de 2024, Loc’Hall, 1re plateforme BtoB de privatisation de lieux patrimoniaux et culturels, fait un pas de côté. Nous quittons, un instant, les rivages de l’événementiel pour ceux du souvenir. Nous célébrons, à notre façon, les armées de la Libération : américains, britanniques, canadiens, belges, danois, néerlandais, norvégiens, africains, polonais, australiens et bien sûr, français. Tous ont laissé l’empreinte de leurs pas dans ces chemins vers la victoire. Pour que demain, la lumière triomphe de l’obscurité.
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